Quand les arbres permettaient de voir la forêt
Le bois – une matière première qui a toujours été utilisée par l'humanité dans son ensemble – était l’ « objet conceptuelle » de cette exposition.
Le défi était de créer un espace qui mettrait en valeur des objets aussi disparates que deux disques de séquoia géants, de simples balais, des fourches – certaines avec sept ou huit dents – une collection de plus de 80 louches en bois provenant de toutes les cultures du monde... des objets qui, par leur simplicité, contrastaient avec un clavecin raffiné de 1737 ou avec une maison complexe conçue et assemblée en bois au sein de l'exposition grâce aux dernières technologies de construction.
J'ai pensé que la meilleure façon de concevoir l'espace d'exposition, qui devait accueillir l'ensemble de la collection, serait un lieu qui abriterait et rassemblerait tous les objets, en équilibrant la valeur intrinsèque et l'âme de chacun d'entre eux, c'est-à-dire en mettant au même niveau d'importance la fonctionnalité du plus humble et la beauté du plus sophistiqué.
Le résultat, après avoir compris le scénario, a été de concevoir la muséographie comme s'il s'agissait d'une forêt. Une forêt perméable et connectée qui permettrait au public d'apprécier les différentes zones de n'importe où, celles déjà visitées et celles que nous rencontrerons plus tard. Un parcours d'exposition qui ferait allusion à ce que nous découvririons et nous rappellerait ce que nous avions déjà vu.
Cette grande forêt, construite en bois naturel, enveloppait tous les objets, transformant la visite en une expérience indivisible avec un seul esprit, de la même manière qu'une forêt peut devenir l'expérience de la visite d'un grand cosmos interconnecté.
L'exposition, installée à 45 degrés par rapport au bâtiment du musée, signifiait que la maison en bois, située vers la fin de la visite, devait être orientée vers le sud.
La crise économique due à la guerre en Ukraine a obligé toute mon équipe et le musée à redéfinir l'exposition. Les vitrines conçues ont été remplacées par des autres existantes, la hauteur de toute la forêt a dû être abaissée. Malgré cela, le recyclage des meubles et de l'épopée nous a donné une leçon de développement durable.
Le concept original a été préservé et, loin de voiler, les arbres et l'exposition nous ont permis de voir la forêt et de discerner le message.
