Entre deux siècles. Artistes tortosins en temps de changements. 2024 — Muséographie

Ce projet a commencé à prendre forme pendant la pandémie, un véritable défi qui nous a amenés à faire cohabiter, dans un même espace, trois grands artistes tortosins situés entre les XIXe et XXe siècles.

La scénographie résultante met en valeur la singularité de chacun d’eux, en leur donnant du protagonisme dès le premier instant. Dans l’espace d’accueil, trois images imposantes nous invitent à plonger dans leur univers : les regards d’Antoni Casanova, Francesc Gimeno et Agustí Querol nous accueillent et nous introduisent au plaisir de la visite.

Au fond de la salle, une grande image de l’atelier d’Agustí Querol, où il projetait la frise de la Bibliothèque Nationale de Madrid, permet de contextualiser son œuvre, en reconstituant l’espace créatif de l’artiste et en apportant de la profondeur à l’exposition.

Ce projet, développé dans un contexte où nous avons tous dû apprendre à travailler à distance, a été rendu possible grâce à l’excellente collaboration avec les trois commissaires — Núria Gil, Jordi Carbonell et Àlex Roig — spécialistes de chacun des artistes, ainsi qu’à la professionnalisme de l’équipe du Musée de Tortosa, dirigée par Eva Castellanos.

La thèse centrale de cette nouvelle salle au Musée d’Art de Tortosa explore comment les circonstances économiques et sociales de l’époque ont transformé la perception du monde de l’art et du rôle des artistes, donnant naissance à l’artiste moderne.

Ce mouvement, né dans les grandes villes, a étendu son influence partout et a pris racine dans les œuvres de certains créateurs originaires des Terres de l'Èbre. Les protagonistes de cette histoire sont Antoni Casanova, Francesc Gimeno et Agustí Querol, des artistes tortosins qui, au-delà de leur origine commune, partagent le fait d’avoir transcendé le cadre local pour obtenir une reconnaissance nationale et internationale. Chacun d'eux a cependant suivi un chemin différent, avec des approches artistiques et des relations variées avec les pouvoirs de leur époque. Leur développement artistique, initialement éloigné des grands centres de production, les a conduits à quitter leur lieu d'origine en quête de formation artistique, puis de marché pour leur œuvre.  

Malgré les différences dans leurs trajectoires et productions, leur juxtaposition offre une vision panoramique d’une époque qui, en fin de compte, devient universelle. Les Terres de l'Èbre se présentent ainsi comme un paradigme des territoires périphériques où le besoin de créer et de proposer une vision propre du monde s'impose avec force.

L’espace introductif comprend, en plus du texte de la thèse, une présentation de chacun des artistes ainsi que quelques pièces représentatives de leur œuvre, mettant en évidence dès le premier regard les similitudes et les divergences. Une chronologie en trois niveaux — la vie des artistes, le contexte local et l'évolution mondiale — est déployée sur l'un des murs.

Au fond de l'espace, une reproduction en grand format de l'atelier de Querol, le montrant en train de travailler sur les sculptures du fronton de la Bibliothèque nationale de Madrid, sert de point d’attraction visuelle depuis l’extérieur de la salle.

Le parcours d'exposition commence sur la gauche avec les œuvres intimistes de Francesc Gimeno, se poursuit avec les sculptures expressives et monumentales d'Agustí Querol, et se termine avec les œuvres d'Antoni Casanova, au thème anecdotique. Bien que cette disposition ne suive pas un ordre chronologique, elle enrichit le discours en combinant peinture et sculpture.

Les espaces sont délimités par des cloisons mobiles, tandis que le périmètre de la salle change de couleur, alternant entre des tons clairs et sombres en harmonie avec la transition entre les sections.

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© Images et vidéo : Àlex Panisello, © Visualisations 3D : Ignasi Cristià, S.L.